40 cm de tricot plus tard (assez vite réalisés, certes), j'ai ressenti une violente douleur au pouce gauche et au poignet. Faut savoir que j'ai modifié mes méthodes de tricot à plusieurs reprises et que le tricot aux aiguilles circulaires avec la main gauche qui distribue la laine était ce qui me permettait le mieux de tricoter vite et bien.
Alertée, je me suis calmée immédiatement. La douleur était telle que de toute manière, il m'était devenu impossible de tricoter ou crocheter. A tel point que j'ai même acquis une attelle spéciale d'immobilisation à la pharmacie.
Un mois plus tard, la douleur persistant, j'ai fini par aller trouver le médecin traitant, qui m'a prescrit une cure d'anti- inflammatoires légers avec re-port de l'attelle, durant dix jours et m'a signalé que si rien n'avait changé après cela, j'étais juste bonne à prendre un rendez-vous chez un spécialiste de la main.
Evidemment, c'est ce qui s'est passé. Au bout des dix jours (nous sommes début avril), rien n'avait changé, seul hic : plusieurs mois d'attente pour avoir un rendez-vous auprès du spécialiste ! Et meeeeeerde ... attendre le 10 juillet en ayant mal tout le temps, et sans plus pouvoir faire ce que j'aime ! Mais quelle punition pour moi. Ouh pour peu, je ferais un bon caliméro.
Donc, nous voici au 12 juillet. C'est pas demain la veille que je retricoterai, il faut le temps pour guérir ce type de tendinite au moyen d'une ou plusieurs infiltrations, et ou d'une opération si ça ne fonctionne pas, mais au moins je vois le bout du tunnel, je sais que normalement, dans les semaines (ou les mois) qui viennent, tout devrait à peu près rentrer dans l'ordre.
Alors, que faire, moi qui tricotais ou crochetais en voiture pour ne pas stresser face aux embarras de circulation gérés par mon époux ? Lire ? heuuu ... ça donne surtout le mal de mer. Bon, ok, ne rien faire, j'ai bien compris.
Mais, à la maison ? Déjà que chaque geste du quotidien tant à la maison qu'au bureau me faisait régulièrement crier de mal , du genre : manipuler de gros livres bien lourds pour les photocopier, feuilleter le contenu de mes dossiers, faire la vaisselle, essayer d'aspirer la maison, tordre un torchon (oufti l'horreur), essayer péniblement de coudre un minimum pour le raccommodage ... ne parlons même pas de la couture de la robe promise à Adeline, elle s'est faite à grand renfort de cachets antidouleurs mais je ne pouvais pas décevoir la fillette, qui avait besoin de cette robe pour un grand spectacle scolaire, et envers laquelle je m'étais engagée il y a fort longtemps.
J'avoue, cette tendinite de Quervain (quel joli nom pour un si petit bobo) m'a sapé le moral. Rajoutez à cela une magnifique chute digne de video-gag, en date du premier mai, dont les conséquences ne sont pas terminées, et vous détenez un cocktail explosif pour me rendre vraiment de très très mauvais poil.
Je me suis rendue compte très vite que, à condition de bien préparer mes fibres (ce que je fais toujours), le filage n'occasionnait absolument aucune douleur à ma main, le mouvement de pince imprimé par ma main gauche étant fort léger et sans grand besoin de force.
Délivrance ! joie ! Je pouvais filer ! (je parviens même à filer avec l'attelle, c'est fantastique)
Et là, je me suis lâchée, j'ai filé des kilos de laine depuis fin février.
Si vous êtes parvenues à me lire jusqu'ici, vous avez bien droit à visualiser un petit aperçu de ces heures de travail.
Tout d'abord, cet écheveau vieux rose, d'une extrême douceur, fait de mohair, alpaga et soie, teint par mes soins. J'avais reçu la nappe non colorée, lors de la rencontre des filandières de Wallonie, le 25 février dernier.