Vous vous souvenez de ce film "Gremlins", dans lequel de gentilles créatures pleines de poils, appelées des "Mogwaï" se transformaient en d'horribles monstres, appelés "gremlins" si par inadvertance vous les aspergiez d'eau ou si vous leur donniez accès à de la nourriture passé une certaine heure ?
Bien sûr que vous vous en souvenez, je n'en doute pas. Et vous rigolez encore aux facéties de ces petits monstres télévisés. Tout en vous disant qu'heureusement que ça n'existe qu'au cinéma.
Ben ...moi, je n'en suis pas si certaine.
Je pense même en avoir reçu un exemplaire, dont j'ai pris livraison en totale ignorance.
Mi mai, nous avons dû faire euthanasier notre femelle épagneule breton âgée de 15 ans, au bout du rouleau. Mi juin, comme bien souvent hélas, son compagnon (même âge) a suivi le même chemin.
Nous nous étions jurés, Délicieux Mari et moi de ne jaaaaamais reprendre de clebs. Histoire de profiter d'une maison enfin propre et exempte de poils de chiens.
Histoire de voyager plus facilement.
Histoire d'arrêter de se tracasser à la moindre puce, à la moindre toux, au moindre air malheureux.
Mais voilà. On ne chasse pas ainsi le naturel. La maison était tellement vide ! Et ne parlons pas du jardin. A chaque mouvement des plantes se balançant dans le vent, il nous semblait que nos vieux compagnons allaient surgir et revenir nous faire des câlins.
Nous avions bien pensé reprendre un chat, mais les chats, ça ne convient pas à des angoissés comme nous, ça fait ce que bon lui semble, un chat. Ca va, ça vient ...
Nous avons tenu le coup. Courageusement.
Trois misérables semaines exactement.
J'ai fini par écumer le net en vue de rechercher un chien à rendre heureux, si possible plus un chiot parce que les longues journées d'absence, ce n'est pas idéal pour l'éducation. Si possible un petit chien, du genre qu'on prend sur ses genoux, à bras, partout, quoi.
Et forcément, nous avons trouvé.
Nous avons racheté un adorable épagneul papillon baptisé "Poupée", ravissante boule de poils de presque deux ans, à une dame qui avait toute une ménagerie et qui devait s'en séparer pour cause d'allergie grave de son dernier enfant.
Quelques semaines se sont écoulées et la dame a repris contact avec nous, nous proposant d'adopter (cette fois gratuitement) le dernier chien qu'elle n'avais pas su caser, "son chien-chien à la mémère à elle toute seule", un chien genre "épagneul japonais", en moins poilu et en plus haut, mais à visage raplati.
Au départ, nous n'étions pas très chauds. Notre petite vie tranquille sans aucun embarras avec Poupée, chien sage comme une image, n'allait-elle pas être dérangée ? D'un autre côté, la Poupée, elle se tape quand même trois jours par semaine de totale solitude, alors qu'elle a toujours vécu dans une grosse famille remplie d'enfants et d'autres chiens.
La cerise sur le gâteau fut lorsque la dame nous a annoncé que si sa Dana japonaise n'avait pas trouvé preneur le lendemain, elle irait la faire euthanasier.
Là, ma guimauve de mari a bondi. Pas question ! Pauvre bête, elle n'a pas mérité ça ! On y va, préviens la dame.
Le chien en question nous avait paru ma foi bien sympa lorsque nous étions venus chercher Poupée, nous n'avions finalement aucune raison de nous tracasser. Il s'agissait aussi d'une femelle, âgée cette fois de cinq ans.
Voyez donc sa trombine de près...
N'est-ce pas qu'elle ressemble à Gizmo le gentil mogwaï-gremlin du film ?
N'empêche, on s'est vite demandé ce que nous avions pêché comme animal.
Elle n'aboie pas vraiment, elle émet des espèces de miaulements qui peuvent vous vriller les oreilles tellement ils sont aigus. Qu'elle ne sort que lorsque vous avez osé la laisser seule et que vous rentrez à la maison.
Je me suis demandée si ce n'était pas plutôt un chat déguisé, ce chien.
Tenez, ses deux places de prédilection sont sur l'assise des chaises biens repoussées sous la table. Et sur l'appui de fenêtre, des heures durant, pour voir ce qui se passe en rue, toutefois sans jamais aboyer.
Vous me direz, jusque là, rien de bien spécial. Non. D'accord. Un chien qui miaule comme un chat, et qui choisit des emplacements de chat, tout le monde a ça chez soi.
La maison étant petite, est pourvue de peu de portes intérieures, et la cage d'escalier menant aux étages est ouverte.
Le premier soir, DM a voulu empêcher l'accès en barrant l'escalier par un grand panneau en bois. Des heures durant, Dana a sauté dessus en espérant l'escalader.
Inutile de préciser qu'on a peu et très mal dormi.
La deuxième nuit, elle est parvenue à escalader le panneau d'une hauteur pourtant respectable, et à gratter à la porte de la chambre. J'ai dit à DM "tiens bon, surtout ne cède pas".
La troisième nuit, je me suis écroulée de fatigue et au matin, me tournant vers DM, j'ai dit "aah tu vois, elle a enfin compris qu'elle devait tranquillement dormir en bas avec Poupée".
D'un mouvement de menton, DM m'a désigné la descente de lit de mon côté. Je me suis retournée et y ai vu Dana, paisiblement endormie ... ainsi, cette diablesse, du haut de ses trente centimètres, parvient à se propulser et à se suspendre aux poignées des portes les plus coriaces ...
Recontactant son ancienne propriétaire, quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'elle m'a écrit "Je croyais que vous aviez compris, Dana, elle faisait TOUT avec moi, d'ailleurs elle ne supporte absolument pas la solitude"
En parlant de solitude, là, c'est moi qui me suis sentie seule du coup.
En pratique, Poupée et elle dorment finalement dans notre immense chambre sans que cela pose le moindre problème. On leur a donné un vieil oreiller et une couverture en teddy pour chien, elles s'y posent, dorment, et nous fichent la paix la plus totale.
Et le ... "elle ne supporte pas la solitude" ? Ben, c'est là que le gentil mogwaï appelé Dana se transforme en un horrible gremlin.
Tout ça se passait alors que nous étions encore en congés, DM et moi. A notre retour du premier jour de boulot, quelle ne fut pas notre surprise de constater que Dana était parvenue à grimper via les chaises, sur toutes les tables et meubles de la maison, quitte à se contorsionner ou à sauter comme un chat. La poubelle avait fait les frais de sa visite assidue également ! Quant au pain, toujours rangé contre le mur sur le plan de travail, pourtant très haut, il avait été englouti par la gourmande qui était parvenue à se saisir du sachet et à le déchiqueter.
Aux grands maux les grands remèdes. Les chaises de la cuisine n'étant que rarement utilisées, ont été rangées, la poubelle fut mise en hauteur, et j'ai fait l'acquisition de quelques trappes à souris, que j'active dès que je dois m'absenter, et que je positionne aux endroits stratégiques où mon monstre saute.
Au début, les trappes sautaient systématiquement. Mais petit à petit, j'ai constaté qu'elle escaladait de moins en moins le mobilier, à l'exception de l'appui de fenêtre auquel je lui laisse satisfaire sa curiosité et occuper son temps.
Peut-être qu'un jour je pourrai me passer de ces satanées clapettes à souris ? qui sait ...
Elle a peut-etre délaissé mes meubles, mais visiblement les jouets et os pour chien laissés à sa disposition ne l'intéressent pas beaucoup et ... voilà que son côté monstre-chat a refait surface !
Maintenant, j'ai intérêt à ranger mes pelotes de laines et mes magasines ...
Quand je vous disais que les gremlins, ça existe pour de vrai !