L'esprit est une chose bien vive et très compliquée, qui fonctionne parfois un peu trop bien, et que je voudrais mettre en veille.
Savez-vous où se trouve le bouton on-off, vous ? Moi, hélàs, pas vraiment ...
Je voudrais vous faire part de petites choses qui me trottent dans la tête bien souvent, à propos de la condition
féminine.
Lorsque vous avez le malheur d'allumer la télévision (le moins possible en ce qui me concerne, merci), ou lorsque vous
achetez un magazine à caractère "féminin", vous êtes inondés de tas de publicités.
J'ai l'impression que beaucoup d'entre elles ont pour objet le parfait entretien de la maison, du linge, du jardin.
Avec à la clé des cuisines blanches immaculées, des salles de bains étincellantes, des vitrages tellement nets qu'on croirait qu'il n'y en a pas, un jardin dans lesquel la pelouse ressemble plus
à un tapis persan neuf qu'à de la prairie.
Et je me demande si les choses ont réellement changé, ou non.
Mes grand-mères (enfin, pas toutes), et un tout petit peu ma mère ont tenté de m'inculquer le sens du "devoir".
Selon elles, l'amusement devait passer après les tâches ménagères. Elles conjugaient à merveille les verbes "je dois - il faut" et ne pouvaient comprendre que je prenais le temps et du
plaisir à conjuger plutôt les verbes "folâtrer - rêver - flaner - paresser" ...
Mais que voulez-vous, visiblement, le moule dans lequel on aurait voulu me fondre n'a pas dû être assez rigide, et je n'ai
pas changé en grandissant.
Parfois, je me demande si c'est moi qui suis d'un "je m'en foutisme" hors normes, ou s'il y a un "truc" qui m'échappe.
Tic-tac tic-tac-tic-tac ...
Il n'y a pourtant que 24 heures dans une journée ? Et de combien d'heures de sommeil avez-vous besoin en moyenne, cher
lecteur-lectrice ?
Je-tu-nous côtoyons tous des personnes qui - courageusement (héroïquement ?) - parviennent à caser dans leur journée de
seulement 24 heures : l'élevage (car lorsqu'ils sont petits, je crains que ce soit le juste mot), l'éducation, la scolarité et l'épanouissement de leurs enfants, outre le ménage fait d'une façon
impeccable, les repas toujours super-mitonnés, .. et bien évidemment .... le travail souvent à temps plein ... quand on ne rajoute pas à tout cela une liste de loisirs. Oh ! j'oubliais ! et le
sport et le soin de soi pour continuer que le miroir renvoie une image flatteuse de la personne, et pour continuer - naturellement ! - à plaire à Monsieur ...
Là, moi, je reste carrément baba. Et un brin complexée, je vous l'avoue au creux de l'oreille.
Faites-vous partie de cette caste de Super-Woman ? ou en connaissez-vous, vous aussi ? Et dans
l'affirmative, dites-moi ... il y a une astuce, non ? Comment arrivent-elles à faire tout cela à la fois ?
Sont-elles réellement aussi épanouies que leur image veut le faire croire ?
Parce que, vous savez, je le reconnais humblement, moi, je n'y arrive pas. Même en n'ayant pas eu d'enfant à
élever.
Faisons le calcul ensemble, juste pour voir :
- lever à 5h45, car il faut se partager la salle de bains, préparer les pique-niques, se sécher les cheveux sinon c'est le
refroidissement assuré ....
tout ça pour démarrer vers le travail à 6h45 au plus tard.
- Arriver au boulot - selon qu'il y a ou non des ralentissements sur la route, et/ou des pépins dans le métro - à si
possible maximum 8h30 ...
- Travailler bien entendu
- se contenter d'une petite demi-heure à midi pour ne pas perdre de temps, et profiter de ce temps pour vite encore aller
faire une course ou l'autre, ou bien pour répondre à son courrier.
- Reprendre le turbin pour l'abandonner théoriquement vers 16h30 (ouh que c'est dur, quand il y a des dossiers en rade
qui traînent partout, et des promesses faites aux clients, difficiles à tenir ! )
- Ce qui veut dire marcher vers le métro, changer de ligne de métro en cours de route, marcher vers la voiture, se retaper
des ralentissements (ouf heureusement moins que le matin) pour rentrer (si tout va bien) entre 18 et 19 heures à la maison.
- Là, à ce stade déjà, moi, je suis bonne pour la poubelle ou presque, et inutile d'aller me demander de me secouer dans une
quelconque salle de gym ...
Disons que plutôt ... du moins en été ...
- Charlie et moi, nous allons rechercher les chiens qui ont passé la journée dehors dans leur enclos, on fait le tour du
jardin religieusement car je m'arrête presque devant chaque plante qui pousse ou qui fleurit pour examiner la chose ... Nous en profitons pour arroser les semis ou les repiquages,
pour nous confier mutuellement des petits morceaux de notre journée ... Mettons qu'il est certainement déjà 19h30.
- Mais ! il faut encore rentrer à la maison, se mettre à cuisiner : si possible quelque chose de simple et pas trop long à
faire cuire, puis manger ... Fin du repas ? allez, aux alentours de 20h30 ? (ben oui,moi, j'adore prendre mon temps pour manger)
- ne pas oublier de préparer le pain qui doit lever et cuire pendant la nuit. Même si la machine fait presque tout à
notre place, il vaut mieux prendre le temps de bien peser les ingrédients ...
- remplir le lave-vaisselle (ah quelle belle machine ! )
- et puis seulement ... se tâter pour la soiré, enfin, ce qu'il en reste. Il est entre 20 et 21 heures selon les jours
et les menus...
- Ah oui, j'oubliais, vite trier le linge pour mettre une lessive en route sur l'horaire électrique de nuit ...
C'est là que je me sens d'un coup très mélancolique, complexée et que je me traite intérieurement de foutue
paresseuse. Je soupire en pensant que hélàs, je suis si fatiguée que je n'ai plus que le courage de lire un peu, ou de continuer l'ouvrage en cours ... alors que m'attendent
encore au minimum le panier de linge à repasser, les poussières, l'aspirateur, le torchonnage, cirer les meubles, laver les vitrages ...
Et je voudrais rajouter sur la liste :
- la couture d'une nouvelle tenue
- le pyjama en satin asiatique promis à Charlie
- le petit pull en coton chiné encore à tricoter
- la broderie au ruban que je voudrais essayer
- des ouvrages au crochet que je rêve d'entamer
- une séance d'aquarelle ou d'acrylique
etc etc etc ...
Et si vous voulez que je regarde clairement mes dossiers le lendemain, il n'est pas question que j'aille coucher plus tard
que 22 heures trente si possible ....
Vous commencez à voir où je veux en venir ?
Et le week-end, forcément le samedi est le seul jour où il nous est possible d'effectuer nos emplettes
alimentaires-bricolo-jardinières ou autres.
Le samedi est le seul jour du week-end où nous sommes autorisés à tondre, et faire du bruit au jardin, dans notre village (eh
oui).
Bref, au bout du compte, je ne suis pas parvenue à réaliser le tiers du quart ni de mes aspirations, ni de mon ménage minimal
requis (trèèèès minimal, suis une fée qui n'est absolument pas estampillée "du logis") !! ... et charlie (qui heureusement a moins d'aspirations créatrices que moi), m'aide, tond, taille,
désherbe.. et est tout aussi fatigué que moi ...
Alors, il y a un grain de sable dans le rouage. Où se trouve l'erreur ?
Les Super-Woman seraient-elles donc des personnes qui ont besoin de très très peu d'heures de sommeil et qui,
super-organisées, minutent chaque geste en vue d'un gain de temps maximal pour en faire toujours plus ? Ou ont-elles des failles dans le système, que j'ignore ?
Sont-elles heureuses de cette existence trépidante ?
Les fées dissipées et fatiguées dans mon genre sont-elle monnaie courante ? Ou suis-je une mauvaise élève qui n'a
pas bien grandi ?
Hum, à la réflexion, tiens ? J'ai oublié de vous dire. Mes grand-mères ne travaillaient pas ... du moins à
l'extérieur ...
Dites-moi ... et vous, qu'en pensez-vous, de ce fatras de réflexions que je vous livre en vrac ?