Il y a déjà longtemps que nous avions projeté d'agrandir notre espace vital pas très spacieux (c'est mieux qu'un petit appart
mais ... ça reste quand même une petite maison !) en prenant possession "pour de vrai" du grenier, et non plus en agissant comme s'il s'agissait d'une presque poubelle de toutes les choses dont
on ne veut momentanémet plus ... vous voyez ce que je veux dire ?
Les travaux, conséquents, n'étant vraiment pas à notre portée, il nous a fallu le temps de trouver les corps de métier
adéquats, et de réserver une chtite place dans leur très encombré planning (tiens ? presque aussi encombré que le grenier, va !).
Arrive enfin LE grand jour, celui du début des travaux, il y a plus de trois mois maintenant. Et voilà notre maison
squattée chaque week-end ou presque pour que notre projet voie le jour. C'est que ... ces Messieurs les entrepreneurs étant trèèèès occupés, ils n'ont trouvé que cette astuce pour ne pas me
reporter aux Calendes grecques : ne venir bosser que le week-end ...
Donc, comme vous vous en doutez, le chantier a avancé à la vitesse d'un escargot très namurois (ou Suisse, éventuellement)
... au fur et à mesure que notre impatience, elle, grandissait !
C'est que ... il y a le jardin qui nous appelle, Charlie et moi !
Dimanche dernier, notre aimable, courageux et très compétent entrepreneur (sisi, c'est vrai, je le reconnais, ça a pris du
temps mais c'est très bien fait) a replié la majeure partie de ses outils pour ... nous laisser oeuvrer ! A chacun son tour.
Charlie s'est lancé dans le ponçage de l'escalier et de la rembarde (laquelle avait presque carbonisé à une époque lointaine
que je n'ai pas connue, où il semble qu'il y ait eu un feu de cheminée au grenier).
Voici ce que ça donne :
Avant, un escalier quelque peu vermoulu à l'aspect de loft industriel crasseux ou presque :
et après, peint en couleur "miel" :
A la place des plaques de contreplaqué cassées, posées de gingois sur des poutres pas droites, nous
avons maintenant un plancher en osb, placé sur une nouvelle structure bien droite. Avec quoi traiter ce matériau ? Etions bien perplexes ! Du vitrificateur ? Il paraît que ça
empêche la bonne respiration du bois ... et que s'il y a une usure ou un coup dedans, on ne sait pas facilement réparer sans que cela soit visible.
Nous avons opté pour un drôle de produit appelé "Osmo", produit assez naturel-écolo si je peux dire, un peu entre la cire et
l'huile, qui durcit en séchant et forme une pellicule dure imperméable à l'eau, laquelle permet un lavage humide tout en protégeant le bois.
Voilà ce que ça donne :
On voit bien la démarquation entre la partie traitée (2 couches) et celle non traitée.
Jusque là, me direz-vous, rien d'anormal, tout va très bien Madame la Marquise.
Là où ça se corse, c'est que depuis des mois, Charlie et moi discutons pour savoir quel type de meuble utiliser pour ranger
tout ce qu'on voudrait y placer, dans ce grenier ! C'est que, compte tenu de nos escaliers et cages d'escalier, il est inutile de vouloir faire passer un meuble trop volumineux ou trop lourd qui
ne soit pas TRES démontable.
Pour cette raison, j'étais plutôt d'avis de racheter, même d'occasion, car neuf cela coûte vite très cher, des étagères ou
bibliothèques de type IKEA. Ok, c'est pas du bois, mais ça a le mérite d'être ENTIEREMENT démontable, ce que je trouvais pratique tant pour le transport que pour le remontage
ensuite.
Charlie, par contre, ne semblait vraiment pas emballé par cette proposition ... mais, à la vue du prix des planches pour
fabriquer des étagères lui-même (outre le fait que nous manquons de matériel pour ce faire), il se disait bien que mon idée était celle de la raison .
RAISON ? qui a osé penser que j'étais raisonnable ? oui, l'espace d'un instant, quoi. Pas plus.
Récemment, me promenant dans les rayons du magasin de brico du coin, mon oeil est arrêté par une drôle de latte en bois munie
de crans. De suite, l'idée folle jaillit et envahit mon esprit : et si, au lieu de "bêtes" étagères en mélaminé, on s'offrait un beau vieux meuble en brocante ? Les crémaillères
en question nous permettraient d'y placer sans trop de peine des planches ? non ?
Je me tais, et une fois de retour, me précipite sur ebay pour zieuter les vieilleries à vendre. Evidemment, n'ayant pas
souvent la possibilité de suivre la fin des ventes en direct, pour cause de mon travail, je rate quelques belles pièces ... bah, à l'époque, les travaux n'étaient pas encore terminés ... pas
d'urgence.
L'homme avait bien trouvé un peu bizarre que je ne l'interrompe plus régulièrement au soir pour lui montrer mes trouvailles
ikéesques, mais comme tout homme qui se respecte, il respecte aussi mes plans secrets tordus et mes idées fumeuses.
Enfin, je le mets au parfum de mon idée MEGA GENIALE, et voici Charlie éberlué, qui m'assène d'un coup "comment on va
transporter ce genre de chose ? et comment on va pouvoir agencer l'intérieur de ces armoires ?" Hihihi ... j'ai eu réponse à tout !
Début de cette semaine, lors d'une de nos fréquentes visites au magasin de bricolage (eh oui, faut bien quelques
fournitures), je propose de lui montrer un magasin de brocante situé non loin, qu'il ne connaissait pas encore. La chaîne TROC INTERNATIONAL, vous connaissez ? Vous
déposez vos brols, ils expertisent, mettent en vente pour vous dans leur infrastructure et prélèvent une commission en cas de vente. Les acheteurs n'ont qu'à se promener dans le vaste
hangar bien éclairé pour faire leur marché à prix très très raisonnable (enfin, ça dépend pourquoi).
Moi, je proposais cette virée ainsi, sans idée précise, juste pour se changer les idées et enfin voir autre chose que des
vis, des produits de peinture et des barres à tenture !
Au détour d'un rayon, voilà t-il pas que Charles - tel un épagneul breton à l'arrêt sur une bécasse ! - stoppe net
devant une grrrrraaaaaande garde-robe ... parmi des dizaines d'autres pièces remarquables ou non.
En chêne teinté clair, elle doit dater du début vingtième siècle. Oui, vrai qu'elle est belle ! Elle est flanquée
de deux fausses colonnes en bois tourné de chaque côté, de deux têtes de lion sculptées sur le fronton, d'une grande guirlande végétale également sur le fronton (acanthe ?), et de ravissantes
guirlandes de fleurs sur chaque porte.
Le prix ? oh, franchement modique. Même plus raisonnable que les ensembles d'occasion ikéesques que je lorgnais au
départ ...
Maaaais ... mon chéri ? on a paumé notre mètre enrouleur, et ... je ne connais pas avec certitude la hauteur disponible
du grenier ? Cette armoire me paraissait si gigantesque ! Vrai qu'il y en avait de nettement plus grandes (à mon avis, faut une échelle pour y prendre quelque chose, dans ces
monstres) mais là, déjà, quand même, j'étais très très très sceptique.
Charlie, mordicus : "sisi, elle va rentrer, je le VOIS, je le SENS !" ...hum ...
Je vais demander un mètre à prêter à l'accueil, mais là on me fourgue un mètre en papier non rigide ! Comment voulez-vous
mesurer valablement un objet nettement plus grand que vous avec ce genre de chose ?
Nous étions fin de journée, j'aurais voulu qu'on rentre à la maison, qu'on mesure le grenier, et qu'on retourne le lendemain
au magasin, cela me paraissait plus raisonnable, avant de prendre la moindre décision. Il y avait quand même peu de chance qu'on nous la pique, cette armoire ! Nous avions
justement pris congé aussi le lendemain ...
Mais non, à ma plus grande consternation, Charlie était toujours en arrêt devant la garde robe, silencieux, immobile.
Une vraie statue. Plus moyen de le faire bouger d'un millipoil.
"Cricri, on la prend" ??? Glup ! j'ai failli en avaler de travers.
Bon, ok, puisque tu sembles si certain de ton coup ...
Nous nous dirigeons vers la caisse, réglons l'objet du délit et promettons de revenir le lendemain matin la chercher en
petits morceaux et en plusieurs étapes.
J'ai oublié de vous le préciser, nous n'avons ni break ni remorque mais ce genre de meuble se démonte et se remonte
comme un puzzle, suffit de connaître le système, toujours le même pour les meubles de cette époque, d'ailleurs.
Le mètre "papier" disait qu'elle faisait environ 2m20 ...
Revenue à la maison, je glisse le vieux mètre en bois (le seul retrouvé dans toute la maison) entre les mains de mon homme et
lui demande par acquis de conscience de mesurer la hauteur du grenier.
Peu après il me dit "pas de problème, cool, c'est 228cm, tu vois bien qu'on a la place !"
Ce soir-là, rassurée, j'ai bien dormi.
Le lendemain, nous avons donc pris livraison de notre imposant colis en plusieurs étapes, et l'avons remonté à deux, à notre
aise au grenier, un peu impatients tout de même de remonter la bête.
Savez vous comment cela fonctionne ? non ? Alors, suivez le guide :
- commencez par positionner le socle là où vous souhaitez placer le meuble
- enfoncez chaque pan de côté, les ergots dans les trous. Se faire aider bien sûr pour qu'une personne soutienne le
panneau, le temps que vous y placiez le boulon adéquat, qu'il ne faut toutefois pas visser à fond à ce stade.
Ensuite, vous placez l'arrière, en quatre panneaux, qui se rejoignent au centre du meubles par des planches rainurées.
Là, c'est un petit jeu de patience pas très marrant, car au fur et à mesure que vous enfoncez une pièce, il y en a souvent une autre qui en profite pour se tirer hors de sa rainure !
grrrrr
Enfin, avec chacun une escabelle, vu la hauteur du bazard, vous soulevez à deux le chapeau de l'ensemble, le toit de la
garde-robe si vous préférez, pour le placer sur le tout, et enfoncer les ergots.
C'est là que nous contatâmes la première mauvaise surprise ...
Je ne sais pas comment Charlie a fait pour prendre les mesures, mais moi, je n'avais plus du tout de place en hauteur pour
soulever suffisamment le chapeau du meuble en vue de faire emboîter les ergots ! Elle touchait le plafond !!
Et où donc étaient partis mes 8 cm de bonus prévu ??
On a interverti nos places (charlie avait un peu plus de marge de manoeuvre que moi car sa partie de meuble se trouvait sous
le trou prévu pour la trappe permettant l'accès à la toiture.
Il a juré, poussé tiré de toutes ses forces, et ouf ! le chapeau s'est emboîté.
Bien beau tout ça mon chéri, mais ... on fait comment, maintenant, pour placer les portes, vu qu'il faut à nouveau soulever
légèrement le dessus pour y faire coincider les ergots desdites portes ?
Du côté trappe, pas de problème, forcément. Puisque la trappe n'existe pas encore, rires.
De mon côté, rebelote, je crois que seul un papier à cigarettes pourrait se glisser entre le sommet du meuble et le plafond
en lattis. Usant de toutes mes faibles forces, je n'arrive pas à faire bouger la bête suffisamment pour qu'il place la porte ...
Désespérée, je redescends de l'escabelle, m'assieds par terre, et lui propose de couper les pieds ...
C'est là que parfois, il est bon de croire aux miracles ou plutôt à l'énergie du désespoir.
Charles prend ma place sur l'escabelle et me demande de diriger la porte. Avec un énorme tournevis, il pèse de tout son
poids pour faire pression sur l'ensemble et gagner les deux millimètres manquants. Tout rouge d'effort il était !
Et paf, d'un coup, VICTOIRE !! la porte est tombée pile poil comme elle devait !
Ouf ! On peut vraiment dire qu'on a eu chaud !
Et maintenant, si on revend la maison, c'est avec le meuble, ok ?
Et voilà la phase finale, Charlie y place des planches, finalement avec équerres plutôt que crémaillères.
Vous me direz "c'est bien beau comme armoire, mais est-ce que c'est vraiment suffisant ?" Aaaah .... je suis
toujours dans la crainte de manquer de rangement.
Cet hiver, Charlie avait commencé à réduire un vieux meuble (affreux, oui, ok) des années cinquante en bois blanc, en bois de
chauffage, car il le détestait.
Zou, le haut du meuble, parti. Zou, les portes du bas du meuble, parties.
Puis ... le soir arrivant, il s'est arrêté, et on a carrément oublié le reste du meuble, qui a encombré et gêné nos ouvriers
plus qu'autre chose, sans jamais que nous en soyions conscients.
Une fois tous les brols des entrepreneurs remballés, on a remarqué notre carcasse qui traînait. Et là,
illumination. Non, mon chéri, la bazarde pas ! juste la dimension ad hoc pour la sous-pente ! tu peux me couper les pieds amochés ? Meeeerci ....
Evidemment, faut encore la poncer un peu, la peindre, placer n'importe quel panneau sur le dessus, et la glisser au bon
endroit, hein ...
J'ai déjà les tringles pour y placer de petits rideaux ... suite au prochain épisode.
Et très bonne journée à toutes !